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Avant que la folie Columbia commence avec tous mes cours intensifs (pour l’instant on est en « multimedia boot camp », j’y reviendrai), j’ai profité d’un sujet découvert lors de mon cours de reportage pour faire un portfolio sonore pour Le Monde.fr

Portfolio

C’est ici et ça parle de D.Eroll Cayard, un haitien de 53 ans qui est arrivé à Harlem trois jours après la mort de Michael Jackson, et s’est mis en tête de devenir le gardien d’une palissade transformée en ode à Michael Jackson par les signatures de centaines de fans. C’est à côté du Apollo Theater, où Jackson avait chanté avec ses frères quand il était tout jeune. Ca va faire 60 jours qu’il dort au coin de la rue, sous une espèce de tente remplie d’objets dédiés à Michael Jackson.

Deuxième semaine, deuxième série de cours magistraux. Lundi soir c’est Eric Bates, l’un des rédacteurs en chef de Rolling Stone, qui est venu parler à l’école de journalisme de Columbia.

Comme Soledad O’Brien -CNN-, il a commencé par nous dire avoir débuté en pleine récession, « la pire récession avant cette récession », avec des boulots dans le « advocacy journalism », le journalisme engagé, « qui s’appelle aujourd’hui le blogging ». Il est resté dans cette voie jusqu’à Mother Jones, avant de passer chez Rolling Stone.

Eric Bates

Eric Bates

D’après lui, pas de grande différence entre les deux supports:

J’édite des longs papiers d’investigation, il n’y a pas de sujet tabou… les médias grand public et les journaux engagés se sont rapprochés: quand j’étais chez Mother Jones, je voulais des papiers que le New York Times voulait aussi. Ce n’était pas le cas avant, lorsque les journalistes venaient faire publier chez les journaux engagés ce qu’ils ne pouvaient faire publier dans les mainstream media.

Comment se fait le choix de la couverture de Rolling Stone?

La couverture du magazine, c’est du sérieux. Les focus groups montrent que nos lecteurs considèrent qu’y accéder ne peut et ne doit se faire qu’au mérite. Je me rappelle que lorsqu’on avait mis Heath Ledger en couverture au moment de Brokeback Mountain, des lecteurs énervés trouvaient qu’il n’était pas assez rock n roll pour Rolling Stone…

Plusieurs critères: ce qui va faire vendre le journal, ce qui est tendance, qui on a eu dernièrement en couverture pour éviter d’enchaîner trois starlettes, ou trois vieux rockeurs. Certaines personnes n’acceptent d’être interviewées que si elles vont en couverture, on se demande alors si on les veut à ce point, si elles méritent d’être en couverture ou pas.

Pourquoi est-ce que vous mettez des vieux en une?

Parce que les jeunes artistes ne font pas vendre! L’industrie musicale n’est plus capable de fabriquer des stars comme elle savait le faire, des stars qui traversent les cultures, les genres, les origines sociales ou ethniques, mais les anciens ont toujours ce truc.

Les jeunes lecteurs achètent quant ils voient Dylan ou The Doors parce qu’ils aiment les écouter. Ils vendent, ils sont transgénérationels. Si on a mis Obama trois fois en couverture, c’est aussi parce qu’il fait vendre.

Ca fait quoi d’être en charge de la partie politique d’un magazine capable de mettre les Jonas Brothers en couverture?

En travaillant pour Rolling Stone je me suis rendu compte de la difficulté d’écrire un bon portrait de star; ça m’a fait respecter le boulot des journalistes people. Vous le voyez bien dans tous les magazines, y compris le nôtre parfois, avec ces mauvais portraits qui commencent par le journaliste se plaignant d’être face à une star de mauvaise humeur qui ne veut pas répondre à ses questions. En gros l’article c’est toujours « voilà comment je n’ai pas d’article ».

Quels conseils donneriez-vous à de jeunes journalistes qui ont envie de faire de l’enquête, comme vous à Mother Jones?

Levez-le cul de votre chaise! Avant ça pouvait prendre toute une journée pour réussir à avoir un début de documentation. Maintenant on peut trouver plein de choses par internet, mais on ne peut pas tout trouver. Et ne cédez pas à cette idée que les journalistes seraient des appareils photos, des canevas vierges. Sachez ce que vous apportez à votre article, de votre biais, pas pour l’en purger mais pour être conscient de la théorie que vous avancez et testez. Pensez comme les scientifiques, ils ne se disent pas « Tiens, ce matin je vais aller voir ce que font les vers de terre » mais « Tiens, je me dis que les vers de terre font ceci, alors je vais faire un test pour voir si c’est vrai ».

A part Markus et Crystal, il y avait de tout au casting. Des belles blondes bien sûr…

blondeEt des chaussures complètement folles

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Mais pas seulement! En vrac de la plus jeune:

kid2

A la plus âgée:

old lady

Sans oublier ça:

crazy look

Et Dieu:

god

Pour mon deuxième jour à New York, je suis partie à la recherche du casting tenu pour la figuration (ou « background performers ») dans Sex And The City 2. A la base je voulais y aller simplement pour pouvoir photographier l’ambiance et les tenues délirantes des candidats, mais, à la demande express des collègues, j’ai finalement décidé de tenter ma chance.

Enfin, jusqu’à ce que je vois que la queue pour les auditions faisait tout le tour du block du Metropolitan Pavilion.

J’avais laché l’affaire, mais en tournant autour du block pour prendre des photos je me suis accidentellement retrouvée dans la queue, tout près de l’entrée du casting, et sans qu’aucun candidat énervé ne m’arrache les cheveux. J’étais là… j’allais pas m’en aller si près du but… surtout que comme on le voit à la fin de la vidéo, j’avais trouvé un phénomène à suivre.

Nom de code, Markus

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Après plusieurs tentatives d’approches subtiles et fourbes

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J’ai réussi à l’avoir de face grâce aux filles devant qui voulaient une photo avec lui et son copain

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FIERCE

Autant vous dire que je n’ai pas été la seule à remarquer le garçon, qui s’est fait photographié et interviewé pas moins de trois fois le long de la queue

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Après avoir fait la queue à l’extérieur, puis à l’intérieur, nous voilà dans une grande salle sans air conditionné avec une file d’attente type Disneyland gone wild, où j’ai rencontré Crystal

Crystal est mannequin, c’était son premier casting ciné. 19 ans, et une histoire à l’américaine: découverte par un scoot agent dans un Wendy’s, une chaîne de fast-food américaine, alors qu’elle « se gavait de frites ».

crystalDernière salle, quatrième file d’attente: celle pour « l’audition », en fait dix secondes pour donner son CV et se faire prendre une photo. Quatre femmes étaient postées entre deux files d’attente avec comme mission de repérer des candidats potentiellement intéressants et de coller un petit sticker sur leur CV. Markus, son copain, et Crystal ont eu droit à leur sticker, et donc à trois ou quatre photos chacun au lieu d’une.

Markus: C’est pour quoi le sticker?

Random agency woman: C’est parce que vous rentrez dans une des catégories qu’on cherche…

Markus: … Gay quoi!

Random agency woman: Voilà

Conclusion: j’aurais du sortir le béret, le rouge à lèvres rouge, la gauloise et la baguette pour avoir une chance avec les stickers.