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So! Slate, that awesome news website, now has a French little brother, equally awesome.

Comme j’ai dix-huit mois de retard dans ce blog, je vous fais la liste de mes articles sur Slate.fr -où l’on notera que quelque soit mon stage je me débrouille pour écrire un article sur Britney- :

Britney est de retour. Encore. (Mieux que Madonna et George W. Bush réunis, entre scandales non planifiés et rédemptions ratées)
Il y a 190 journées mondiales chaque année! (Un grand tout et n’importe quoi décrypté, pour réussir votre journée internationale du slip)

Le remaniement vu par les remaniés (Techniques de com’ pour obtenir le ministère de vos rêves)

Prévoir les séismes, pour quoi faire? (Les méthodes de prévision ne sont de toute façon pas assez fiables pour évacuer)

Blade Runner, Rollerball, Akira… le futur dans le dernier tiers temps(4 films des années 80 imaginent 2019, et c’est pas joyeux)

Peut-on filmer un policier? (Oui, tant qu’il est en train de faire son travail)

Comment ne pas (trop) risquer sa vie en avion (Check-list pour mettre toutes les chances de votre côté)

Quand j’étais en stage d’observation chez Gamma, j’ai pu assister à une réunion le mardi 27 novembre, entre le directeur de la rédaction et trois photographes qui étaient partis la veille à Villiers-Le-Bel.

Les photographes avaient joué les malins pour ne pas se faire piquer leur matos: l’un d’entre eux était en twingo pourrie, et a bien gentiment donné son portable quand on le lui a demandé. L’autre était un moto avec un portable pourri et une puce bloquée  plus un portefeuille avec 10 euros et des fausses cartes de crédits.

Le directeur de la rédac avait vu et apprécié leurs photos, mais il voulait maintenant penser aux bouclages d’hebdos du jeudi-vendredi et avoir « une plus-value visuelle », essayer de construire quelque chose, une histoire.

L’un des photographes allait partir « embedded » avec les flics, un autre voulait partir de jour voir les dégats et refaire les reportages des émeutes de 2005, où ils allaient chercher les gens dans leurs décombres pour en faire des photo reportages.

La discussion est très vite partie sur l’ambiance à Villiers-Le-Bel et les différences entre 2007 et 2005:

-« Faites attention, n’oubliez pas que le sport national c’est de se choper un journaliste ». Un des photographes s’est fait crié dessus à coup de « Enculé de journaliste! Enfoiré t’es de TF1!!! »

– un des photographes a vu un gamin avec fusil à pompe tout neuf « surement piqué dans un commissariat »

– l’émeute du lundi soir avait l’air beaucoup plus organisée qu’en 2005. D’après les photographes, les jeunes attaquaient par petits groupes, en se servant beaucoup des téléphones portables pour se dispatcher.

-Face à ça, ils avaient l’impression que la police était beaucoup plus désorganisée qu’en 2005, pour eux les flics étaient beaucoup plus inexpérimentés qu’en 2005: « dans le fourgon, le chef leur crie « tu sors tu sors! » et ils veulent pas! ils ont la trouille! ». Mais au moins cette fois-ci ils n’étaient pas habillés en Robocop, ce qui avait bloqué leur liberté de mouvement en 2005. 

– la grande question c’était « Mais où sont les parents??? »: beaucoup moins de familles dehors qui interpellaient les jeunes pour leur dire d’arrêter leurs conneries et de rentrer chez eux.

– ils avaient l’impression que les jeunes étaient plus jeunes qu’en 2005, beaucoup avaient 14-15 ans, pour les photographes c’était des qui avaient 12 ans en 2005 et ont vus leurs grands-frères faire la baston.

La conclusion de tout ça, c’était qu’il y aurait un photographe embedded, un en caisse pour prendre en photos les bastons/feus/fusils à pompe/gamins encagoulés, et un pour essayer d’aller voir les parents, de toquer dans les cités.

Aucun n’avait prévu qu’il ne se passerait rien le mardi soir, ni les jours d’après….

Façon quoi le fuck?!?

L’immeuble juste à côté de chez moi, entre le restau japonais et la boutique yamaha en dessous de mon appart, est en train de cramer. Rien à voir avec Villiers-le-bel mais un incendie tout ce qu’il y a de plus classique.

C’est complètement fou les coïncidences: ça fait un mois que je dois apporter des photos à mon oncle et ma tante qui habitent de l’autre côté du parc Léon Blum, en face de chez moi. Ce soir j’ai failli encore une fois ne pas y aller et remettre ça à jeudi. Ensuite les premières fois où j’ai appelé ça sonnait occupé, du coup j’ai retardé mon départ de vingt minutes et j’ai mangé à la place. J’ai bougé à 19h50, et en rentrant à 20h20 un appartement du premier étage de l’immeuble était en feu. A 20 minutes près, où si je n’étais pas allée chez ma tante ce soir, j’aurais été dans mon appartement tranquilou. Et connaissant mon non-odorat… j’aurais sûrement été délogée par la police.

Les pompiers et les flics étaient sur place, mais ils ont mis vachement de temps avant de pouvoir commencer à arroser. D’après des voisins, le feu a démarré par « une toute petite flamme, au fond de l’appartement », et les gens ont mis du temps avant d’appeler du secours. Gros mystère sur l’évacuation: je ne sais toujours pas si l’immeuble en feu ou le mien ont été complètement évacués, il y avait au moins trois camions du SAMU/ SMUR sur place.

Autour de moi les gens prenaient des photos avec leurs portables ou leurs appareils numériques, ils téléphonaient. Certains avaient l’air complètement paniqué, d’autres semblaient franchement s’amuser. Toute la Route de la Reine était descendue sur le trottoir et les policiers se sont mis à refouler tout le monde assez loin.

Moi je savais pas quoi faire. J’ai pris des photos avec mon portable, j’ai regretté de ne pas avoir mon appareil numérique sur moi, je m’en suis voulu de regretter ça, j’ai appelé Luisa, j’ai appelé mes parents, j’ai appelé Cyril, les flics m’ont crié dessus, une femme du SAMU m’a dit de prendre mes dispositions pour dormir ailleurs au cas où, mes parents sont venus me chercher.

Depuis j’ai dix mille questions:

– Est-ce que j’aurais du rester, alors même qu’on nous éloignait de la scène et que donc je ne voyais plus grand chose?

– Est-ce que j’aurais du interviewer des voisins, savoir s’ils avaient des objets précieux à l’intérieur, si des voisins étaient resté coincés?

– Est-ce qu’on en entendra parler quelque part d’autre que sur ce blog s’il n’y a ni morts ni blessés?

– Est-ce que mon appartement est en train de brûler?

Je fais la liste de tout ce qui me passe par la tête: mon passeport, ma carte d’identité (impossible d’aller à l’Elysée sans ça, et je dois y aller demain matin avec Gamma!), mon ordinateur portable, mon appareil photo, mes souvenirs des Etats-Unis, mes papiers administratifs, les exemplaires des Nouvel Obs où j’ai écrit, les photos et les ptits mots des amis, et je bloque bloque bloque sur le reste de ce qu’il y a dans mon nouveau chez moi.

Edit:  23h29

On est passé voir où ça en était à Boulogne. Le feu a heureusement été éteint mais ça pue la fumée partout même moi je le sens ça pique les yeux. Les pompiers nous ont interdit d’ouvrir les fenêtres jusqu’à demain, et les appartements mitoyens à l’immeuble incendié sont examinés avec des trucs thermiques. Du coup je passe la nuit chez mes parents, ça pue trop et c’est glauque.